(LCP) L'élu Vincent Marissal de Québec solidaire plaide en faveur du maintien du rôle parlementaire de vérificateur des actions du gouvernement que le député doit continuer d’exercer même en situation de crise :

 

« Dès le jour un de cette crise, nous avons décidé de jouer le jeu. Pour le bien de tous. Nous, c’est le parti de l’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, qui avons mis de côté la politique partisane traditionnelle pour travailler avec le gouvernement afin de passer à travers cette lourde et angoissante épreuve. Nous avons quitté l’Assemblée nationale, nous sommes rentrés dans nos circonscriptions pour prendre soin de notre monde.

 

Le gouvernement a, de son côté, ouvert quelques canaux de communications, notamment par des discussions régulières entre le premier ministre et nos chefs respectifs et entre les ministres et leurs critiques de l’opposition. Ces discussions ont donné lieu à des échanges francs et constructifs, respectueux dans le ton et fermes dans les intentions, avec, pour seul but commun de se sortir de cette pandémie et de relancer le Québec dès que possible.

 

Pour ma part, je salue l’ouverture et la disponibilité du ministre des Finances, Éric Girard, de son collègue à l’économie, Pierre Fitzgibbon et de leur collègue déléguée à la Métropole, Chantal Rouleau, avec qui je m’entretiens régulièrement.

 

Je sais que la population apprécie cette accalmie partisane, mais nous avons tout de même un rôle de chien de garde à jouer, nous, de l’opposition. Je sais pour être sur le terrain tous les jours que nos électeurs et électrices ont aussi des questions sur la gestion au quotidien de cette crise et sur la suite des choses. Il serait donc tout simplement normal que nous puissions jouer notre rôle puisque nous sommes, plus que jamais, dirais-je même, les porteurs des questions et des attentes de notre électorat.

 

Il ne s’agit pas ici de joute partisane au sens traditionnel, mais bien de la possibilité de questionner le gouvernement, en public, sur certaines décisions. La catastrophe dans les CHSLD n’est qu’un exemple.

 

J’ai sursauté, lundi, lorsque le premier ministre a laissé entendre dans son point de presse quotidien que ses ministres sont trop occupés ces temps-ci pour répondre aux questions de l’opposition. Pardon? Dans une démocratie, la reddition de comptes n’est pas une coquetterie ou un caprice, c’est la base même de la nécessaire transparence de l’État.

 

J’ai doublement sursauté lorsque M. Legault a ajouté que l’exercice quotidien avec la presse parlementaire était bien suffisant et que, de toute façon, les partis de l’opposition peuvent (ils le font déjà, selon le premier ministre) faire poser leurs questions par les journalistes. Je suis certain que mes anciens collègues journalistes ont eux aussi sursauté en entendant ça de la bouche du premier ministre.

 

Déjà que le Dr. Arruda avait résumé, il y a quelques semaines, leur rôle à celui de pigeon voyageur porteur de son message, voilà que François Legault réduit leur travail à celui de pantins des partis de l’opposition. C’est insultant pour les médias et pour les partis de l’opposition.

 

J’ai été journaliste pendant plus de 25 ans, dont 20 ans sur les collines parlementaires et je peux vous dire que médias et politiciens pratiquent la distanciation depuis bien avant la pandémie de Covid-19. La distanciation professionnelle, nécessaire rempart à la saine cohabitation. Les journalistes font leur travail, les élus font le leur.

 

Et ce travail, c’est notamment de poser des questions directes au gouvernement. Il ne faut pas confondre solidarité avec complaisance. Ne pas confondre questions avec obstruction et ne pas considérer la reddition de comptes comme une fâcheuse distraction. Nous avons appris beaucoup de choses sur les effets de la Covid-19 au cours des derniers mois, mais à ce que je sache, la perte du sens critique ne fait pas partie de ceux-ci. »

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