(R.I.) Avec un parc totalisant 4 000 autobus et des systèmes lourds dans la métropole, la pression est immense sur les sociétés de transport du Québec, qui assurent chaque année plus de 400 millions de déplacements. Maintenir et améliorer la qualité du service n’est pas un luxe : c’est une obligation.

 

Orientations nobles, contraintes réelles : une adaptation s’impose

Le gouvernement du Québec, par le biais du Plan pour une économie verte (PEV) lancé en 2020, s’est fixé comme objectif que 55 % du parc d’autobus urbains soit électrique d’ici 2030. Or, selon les projections fondées sur une durée de vie utile moyenne de 16 ans, à peine 43 % du parc pourrait être électrifié théoriquement d’ici cette échéance. En pratique, la proportion réelle risque d’être bien inférieure, en raison des nombreuses contraintes budgétaires et administratives gouvernementales qui ralentissent le déploiement.

 

La pression sur les sociétés de transport du Québec est aggravée par une autre orientation gouvernementale : le financement public est désormais réservé aux autobus 100 % électriques. Cette mesure, inscrite dans la Politique de mobilité durable 2030 exclut depuis 2025 et limite depuis 2022 l’acquisition d’autobus hybrides, pourtant indispensables pour assurer une transition graduelle et réaliste vers l’électrification.

 

Dans le présent contexte, le maintien de cette orientation risque d’accélérer le vieillissement du parc, d’alourdir les coûts d’entretien, de diminuer la fiabilité du service et, ultimement, d’impacter directement les usagers et usagères du transport collectif.

 

La stratégie d’électrification repose également sur des infrastructures adaptées pour la recharge et l’entretien des autobus. Or, actuellement, de nombreux projets d’infrastructures sont laissés en suspens dans le Plan québécois des infrastructures, sans échéancier ni financements confirmés. Pire encore, certains ont été abandonnés par le gouvernement, malgré des autorisations préalablement émises.

 

Réviser la stratégie, protéger le service

Dans le présent contexte budgétaire, la stratégie d’électrification doit absolument être revue. L’absence de flexibilité dans les programmes de financement d’autobus hybride, les retards dans la planification des infrastructures de recharge et la sous-estimation des défis techniques et financiers compromettent l’atteinte des objectifs climatiques et mettent en péril la qualité des services offerts à la population.

 

Une stratégie d’électrification efficace ne peut se construire au détriment de la fiabilité, de la capacité et de l’accessibilité des réseaux. Pour réussir, elle doit s’ancrer dans les réalités opérationnelles et répondre aux besoins concrets du terrain. Dans la transition vers une mobilité décarbonée, le transport collectif est un levier crucial pour réduire les GES. Or, la stratégie gouvernementale actuelle court à l’échec si elle n’est pas révisée immédiatement.

 

Face à l’urgence climatique, à la pression sur les réseaux et aux besoins croissants des citoyens et citoyennes, nous appelons le gouvernement à agir maintenant. Il est temps de revoir cette stratégie pour propulser le Québec sur la voie de la mobilité durable.

 

En ce Jour de la Terre (hier), l’ATUQ et les sociétés de transport en commun du Québec réaffirment leur engagement inébranlable envers la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques. À Saguenay, Sherbrooke, Montréal ou ailleurs, des milliers de travailleurs, familles, aînés, personnes à mobilité réduite et étudiants choisissent le transport collectif chaque jour.

 

Pour ce faire, nous tendons la main au gouvernement afin de réformer la stratégie d’électrification et lui proposons les actions urgentes suivantes :

 

1. Recentrer la stratégie gouvernementale sur les besoins des usagers du transport collectif en réaffirmant que la mission première du transport collectif est d’assurer des déplacements sécuritaires, fiables, accessibles et efficaces à l’échelle du Québec;

 

2. Confirmer immédiatement le financement des projets d’infrastructure pour lesquels les sociétés sont en cours de réalisation et les projets essentiels pour permettre aux sociétés de transport d’accueillir les premiers autobus électriques pour lesquels le gouvernement a déjà autorisé l’octroi d’un contrat;

 

3. Revoir la cible de 55 % d’électrification d’ici 2030, afin qu’elle soit réaliste et atteignable en fonction des contraintes actuelles;

 

4. Réviser ses programmes de financement pour permettre l’acquisition d’autobus hybrides (40 et 60 pieds) dans les plans de renouvellement du parc. Ces acquisitions sont inévitables afin de faire le pont avec le rythme adéquat d’électrification des autobus des sociétés de transport.

 

5. Adopter une approche concertée avec les sociétés de transport afin d’optimiser chaque étape de la transition, notamment au niveau des processus d’approbation et de la planification des projets, en laissant aux sociétés le soin d’utiliser leur expertise pour faire les meilleurs choix opérationnels;

 

6. Prioriser des actions réellement porteuses pour la population du Québec telles que le maintien des des actifs, qualité du service, et bonification de l’offre en toute cohérence avec la Politique de mobilité durable du gouvernement du Québec qui prévoit une augmentation annuelle de 5% de l’offre de service.

 

À propos de l’ATUQ

L'Association du transport urbain du Québec (ATUQ) représente les 10 sociétés de transport en commun de la province. Collectivement, les membres de l'ATUQ desservent les plus grandes villes du Québec : Montréal et ses couronnes nord et sud, Québec, Lévis, Laval, Longueuil, Gatineau, Trois-Rivières, Saguenay et Sherbrooke.

 

Cela représente plus de 60 % de la population québécoise et 400 millions de déplacements en transport en commun chaque année. Leur présence s'étend à travers la province, et leur contribution au développement durable est significative, tant sur le plan social, économique qu'environnemental.

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(R.I.) : communiqué que nous avons repris intégralement.