(R.I.) Le Comité consultatif sur les changements climatiques du Québec lance un appel clair à l'ensemble des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale : le Québec ne peut se permettre de reculer dans la lutte contre les changements climatiques. Il doit préserver ses outils - dont la tarification carbone - et fonder ses décisions sur la science.

 

Depuis quelques semaines, nous observons une remise en question de ces choix dans l'espace public, alimentée par le retrait partiel du gouvernement fédéral de la tarification carbone et par le contexte économique difficile. Le Comité est pleinement conscient des inquiétudes qui s'expriment dans la population face à la hausse du coût de la vie.

 

Il est légitime que les Québécoises et Québécois cherchent des solutions concrètes et équitables, mais en reculant sur la tarification carbone, on s'attaque à un outil qui agit directement pour protéger les citoyens - aujourd'hui et demain.

 

Il est essentiel de rappeler que les choix faits aujourd'hui ne concernent pas seulement notre bien-être immédiat. Le maintien de ces outils climatiques, loin d'être une simple question technique, est un engagement envers les générations futures afin qu'elles héritent d'un Québec prospère et résilient, et non d'un fardeau environnemental accru.

 

«Les décisions publiques ne peuvent pas reposer sur des analyses simplistes ou sur une pression conjoncturelle. Elles doivent s'appuyer sur la science, les faits et les meilleurs outils disponibles. La tarification carbone fait partie de ces outils. Elle est efficace et reconnue, et elle permet d'agir là où c'est nécessaire», souligne le Comité.

 

Le système de plafonnement et d'échange de droits d'émission (SPEDE), mis en œuvre depuis plus de dix ans, est un instrument éprouvé qui repose sur des principes économiques clairs, comme celui du pollueur-payeur. Il a été soutenu par tous les partis politiques au fil des gouvernements.

 

L'efficacité de ce type d'instrument est reconnue à l'échelle internationale par la Banque mondiale, le FMI, le PNUE et l'OCDE. Ce dernier mentionnait d'ailleurs cette semaine que le Canada était malavisé dans son retrait de la tarification carbone et qu'il devrait réintroduire la redevance sur les combustibles.

 

De plus, les revenus découlant de cette tarification financent des mesures concrètes favorisant la décarbonation et l'adaptation. Ces investissements ne sont pas abstraits. Ils se traduisent par des bénéfices en matière de santé publique, une meilleure qualité de vie pour la société québécoise et une sécurité accrue pour nos communautés. Remettre en question ces mesures équivaut à abandonner les citoyens plus vulnérables face aux effets croissants des changements climatiques.

 

Il faut donc préserver une démarche doublement avantageuse, qui modifie les comportements et garantit un financement stable des mesures de lutte contre les changements climatiques. Il faut également recourir davantage à la réglementation, à l'écofiscalité, à la mise en place de mécanismes de financement innovants et à des partenariats avec différents paliers de gouvernement, notamment à travers des investissements dans les infrastructures pour accélérer la transition climatique.

 

De plus, il est possible et souhaitable de compléter cette approche par des mesures de soutien complémentaires ciblant les groupes les plus vulnérables, sans réduire l'importance et l'efficacité de ces mesures d'écofiscalité.

 

Le Comité rappelle qu'au-delà de la réglementation et des budgets, les décisions publiques doivent reposer sur la science. Face aux bouleversements climatiques qui s'accélèrent, l'expertise indépendante et les données probantes doivent occuper plus de place, et non moins.

 

Cette intervention du Comité s'inscrit dans la nouvelle vision définie dans son plan stratégique 2025-2028 qui vise à renforcer son rôle-conseil auprès des décideurs publics et à contribuer activement à la qualité du débat démocratique sur l'action climatique.

 

Pour plus de détails sur les positions du Comité sur la tarification carbone, veuillez consulter la Note climatique no 1 - Tarification carbone - Comité consultatif sur les changements climatiques.

 

Le Comité consultatif sur les changements climatiques

Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme gouvernemental indépendant qui conseille le gouvernement sur ses politiques climatiques, en s'appuyant sur des analyses scientifiques rigoureuses pour proposer des solutions aux enjeux de décarbonation et d'adaptation auxquels fait face le Québec. Il est composé de 13 membres issus principalement du milieu universitaire, dont la compétence et l'expérience en matière de lutte contre les changements climatiques sont significatives et pluridisciplinaires.

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(R.I.) : communiqué que nous avons repris intégralement.