(R.I.) À la veille du dépôt du budget du Québec par le ministre des Finances, Éric Girard, l'Association de la construction du Québec (ACQ) a dévoilé ses recommandations au gouvernement afin, notamment, de pallier la pénurie de main-d'œuvre à laquelle fait face l'industrie de la construction au Québec.

 

« L'étude que nous avons réalisée en partenariat avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton démontre que nous aurons un manque à gagner de près de 20 000 travailleurs sur les chantiers de construction au Québec. Le gouvernement doit donc concentrer ses efforts pour accueillir plus de gens dans notre industrie s'il souhaite que les coûts de construction demeurent raisonnables et que les travaux soient livrés dans les délais prescrits. L'ACQ est en mode solutions et propose au gouvernement du Québec une série de recommandations qui vont en ce sens », expose Francis Roy, président de l'ACQ.

 

Augmenter la main-d'œuvre disponible et valoriser la formation professionnelle

L'an dernier, les travailleurs de la construction ont établi un nouveau record du nombre d'heures travaillées, soit près de 177 millions d'heures. En réalité, le nombre d'heures travaillées démontre que les investissements publics étaient au rendez-vous. À la lumière des prévisions du nombre d'heures travaillées prévues par l'ACQ, 2020 s'apparentera à 2019 à ce chapitre. Or, il s'avère également qu'en 2019, les entreprises de construction ont peiné à trouver la main-d'œuvre qualifiée nécessaire pour réaliser l'ensemble des travaux.

 

« Le manque de main-d'œuvre limite le développement des entreprises de construction et certaines d'entre elles refusent même des contrats faute de main-d'œuvre. Il faut donc que le gouvernement Legault mette en place tous les moyens nécessaires pour aider nos entreprises à réaliser tous les travaux inscrits au Plan québécois des infrastructures (PQI) », souligne M. Roy.

 

Afin de pallier cette situation, l'ACQ propose une série de solutions, dont :

Diversifier l'offre de formation et faire la promotion des métiers de la construction : l'offre de formation est inadéquate et elle ne permet pas de former la main-d'œuvre nécessaire au renouvellement des travailleurs qualifiés disponibles dans les régions du Québec. En ce sens, l'ACQ est d'avis que le gouvernement du Québec doit augmenter la quantité de diplômes d'études professionnelles reliées à la construction dans les différentes régions du Québec, et doit aussi effectuer davantage de promotion des métiers de la construction auprès des jeunes et des personnes qui souhaitent effectuer un changement de carrière.

 

Valoriser les programmes de financement pour l'employabilité et la formation des travailleurs : afin de nous assurer que les jeunes peuvent bénéficier de la croissance de l'emploi au Québec, et par le fait même, développer leurs compétences et leur employabilité, l'ACQ croit qu'il serait important de promouvoir davantage et de bonifier le Programme d'apprentissage en milieu de travail (PAMT) ainsi que le Programme d'aide à l'intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME) dans l'industrie de la construction.

 

Aider à l'implantation des technologies au sein des entreprises de construction

L'industrie de la construction est une des moins productives parmi tous les secteurs économiques, et ce, non seulement au Québec, mais dans l'ensemble des pays industrialisés. Afin d'augmenter les niveaux de productivité de notre industrie, et du même coup pallier la pénurie de main-d'œuvre, l'ACQ est d'avis que le secteur de la construction doit, au même titre que le secteur manufacturier l'a fait dans les dernières années, prendre un virage technologique important. À cet effet, l'ACQ propose une série de mesures que peut mettre en place le gouvernement du Québec pour aider les entreprises de construction, notamment les PME, à passer en mode construction 4.0.

 

« Notre industrie est mûre pour un important virage numérique. Non seulement devons-nous gagner en productivité, mais une des solutions au manque de main-d'œuvre est certainement l'utilisation de nouvelles technologies sur nos chantiers », soutient le président de l'ACQ.

 

L'ACQ propose, entre autres, de :

Reconduire le financement des diagnostics technologiques en entreprise : le ministère de l'Économie et de l'Innovation a mis sur pied l'Initiative québécoise pour la construction 4.0 (IQC4.0) afin d'augmenter la performance des PME québécoises de la construction par le virage numérique. La mesure phare de l'IQC4.0 demeure la réalisation de diagnostics numériques. Le rapport d'audit remis à la fin du processus suggère à l'entrepreneur un plan de déploiement numérique. Il peut ainsi bien aligner ses investissements en technologies et en formation. Cette initiative doit être reconduite afin d'en retirer son plein potentiel.

 

Encourager la recherche et le développement en construction : nul doute, les efforts effectués dans la recherche et le développement (R-D) permettent d'augmenter considérablement la productivité et l'efficacité de l'économie. Cependant, presque aucune entreprise évoluant dans l'industrie de la construction du Québec ne déploie de temps et d'argent afin d'en effectuer. À ce sujet, l'ACQ propose au gouvernement d'aider financièrement les entreprises de construction pour le développement de solutions innovantes destinées à l'industrie de la construction.

 

Améliorer la gestion des contrats publics

La demande pour les entrepreneurs de notre industrie est très forte. À un point tel que nous observons, dans certaines commissions scolaires et certaines municipalités, une diminution significative du nombre de soumissionnaires. En cette période d'effervescence économique, il importe de positionner les projets des organismes publics avantageusement par rapport aux autres projets.

 

« Dans le contexte économique actuel, de plus en plus d'entreprises de construction choisissent de soumissionner uniquement sur des contrats privés, notamment à cause de la complexité de l'appareil gouvernemental. Toutefois, le principal problème reste les délais de paiement. Ne pas savoir si elles seront payées dans des délais raisonnables rebute bon nombre d'entreprises », précise M. Roy.

 

L'ACQ recommande donc au gouvernement du Québec de :

Uniformiser les contrats publics : l'ACQ propose de ramener à l'avant-plan Passeport Entreprises. Cette démarche, mise sur pied par le gouvernement du Québec en 2015, avait pour objectif de définir un modèle de référence pour les processus d'acquisition afin d'accompagner les organismes publics à toutes les étapes menant à la réalisation d'un contrat. Ce document serait devenu la référence en matière de bonnes pratiques et il aurait guidé l'action de tous les ministères, municipalités et organismes gouvernementaux relativement aux contrats qu'ils accordent.

 

Ouvrir à l'ensemble des contrats publics, et sur une base obligatoire, les paiements rapides (arrêté ministériel 2018-01 du Secrétariat du Conseil du trésor paru le 3 juillet 2018) : les dispositions mises de l'avant par l'arrêté ministériel ont pour effet de limiter le temps d'attente pour les paiements et favorisent une gestion beaucoup plus rapide des avis de changement et des réclamations. L'impact quantifiable total de l'ensemble des retards s'élève à plus de 1 milliard de dollars annuellement. Il va sans dire que les conséquences des retards de paiement peuvent être fatales pour certaines entreprises, notamment les entreprises de sous-traitance. Élargir la portée des dispositions inscrites à cet arrêté ministériel à l'ensemble des contrats publics permettrait sans aucun doute au gouvernement d'attirer davantage d'entreprises de construction à soumissionner sur des projets publics.

Pour consulter l'ensemble des recommandations de l'ACQ, cliquer ici.

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