(R.I.) Réunies à l'Hôtel du Parlement (hier) matin, l'Union québécoise des microdistilleries (UQMD) et ses membres ont présenté les conclusions d'une étude économique sur l'industrie des microdistilleries québécoises.

 

Le constat est clair : le cadre législatif entourant la production et la commercialisation des spiritueux québécois entrave inutilement la croissance d'un secteur porteur pour nos régions. Il est dépassé, hérité d'un autre siècle, et ne répond plus aux réalités ni aux besoins contemporains de l'industrie.

 

Selon les experts et économistes qui ont rédigé le rapport, ces lois désuètes font perdre chaque année près de 40 millions de dollars aux entreprises d'ici, un gaspillage économique causé par l'inaction réglementaire.

 

«Le Québec aime se mesurer à l'Ontario. Il est temps d'emboîter le pas à notre voisin, qui modernise déjà son cadre sur l'alcool», a souligné M. Nicolas Bériault, président de l'UQMD.

 

Alors que plusieurs provinces canadiennes, notamment l'Ontario, ont entrepris une modernisation de leurs lois sur l'alcool, le Québec maintient encore un cadre hérité de la prohibition des années 1920. Cette législation centenaire, conçue dans un esprit de répression plutôt que de développement économique, freine aujourd'hui l'innovation, l'investissement et la compétitivité de nos microdistilleries. Elle place nos producteurs locaux en position désavantageuse, incapables de rivaliser à armes égales avec les entreprises du Canada et à l'international.

 

Les microdistilleries du Québec interpellent M. Legault : la réforme ne peut plus attendre

 

Dans un contexte où les tensions commerciales s'exacerbent et où le retour du président Trump ravive les menaces protectionnistes, le Québec doit plus que jamais miser sur sa capacité à bâtir une économie résiliente et autonome. Cela implique de donner à nos entreprises les outils pour croître ici, plutôt que de les étouffer.

 

«Le meilleur rempart contre les hausses de tarifs douaniers et les pressions étrangères, c'est un Québec fort, capable de faire grandir ses entreprises localement. Cela passe par l'achat local, mais aussi par un encadrement qui le rend réellement possible», souligne M. Bériault.

 

L'UQMD déplore l'inaction persistante du gouvernement caquiste de François Legault dans ce dossier pourtant crucial pour nos régions. Il ne s'agit plus d'un simple retard : nous perdons collectivement plusieurs dizaines millions de dollars chaque année, faute de volonté politique.

 

Il est temps de passer de l'écoute à l'action. L'UQMD appelle le gouvernement à initier sans plus tarder une réforme ambitieuse et structurante pour que le Québec puisse enfin exploiter pleinement le potentiel de ses spiritueux locaux.

 

Les microdistilleries québécoises sont des entreprises ancrées dans leur région, des producteurs passionnés, des créateurs d'emplois, des pôles agrotouristiques, des ambassadeurs du Québec. Il est grand temps de rompre avec une vision répressive pour entrer dans une vision de développement économique et culturelle.

 

«L'industrie des microdistilleries du Québec est en pleine effervescence, mais reste freinée par un cadre réglementaire restrictif inspiré de l'époque de la prohibition, d'où la situation financière fragile des établissements. On démontre dans notre rapport qu'en adoptant une révision réglementaire, combinée à d'autres initiatives de développement collaboratives comme le maillage intelligent, que les microdistilleries peuvent assurer leur pérennité, favoriser leur compétitivité, leur rentabilité et leur rayonnement», mentionne M. Frédéric Laurin, professeur d'économie et chercheur à l'Institut de recherche sur les PME de l'UQTR, co-auteur du rapport avec Mme Élise Doucet.

 

Les demandes principales des microdistilleries québécoises

 

Revoir la majoration de la Société des alcools du Québec (SAQ) sur les ventes à la propriété

Actuellement, les microdistilleries qui vendent leurs spiritueux à la propriété doivent s'acquitter d'une majoration équivalente à celle exigée pour les ventes effectuées dans les succursales de la SAQ. Cela crée un effet de «double facturation» : les distilleries supportent à la fois leurs propres frais de vente et ceux que la SAQ imposerait normalement pour ses opérations. Cette pratique rend la vente sur place non rentable pour plusieurs distilleries et contredit la notion d'agrotourisme et de développement économique régional.

 

L'UQMD a déposé à la SAQ et au gouvernement un rapport externe légal qui confirme que cette mesure peut être mise en place en respectant les accords de commerce international. Les gains potentiels de cette proposition représentent 14,6 millions de dollars pour nos entreprises québécoises.

 

Permettre la vente directe de spiritueux aux restaurants et bars

Actuellement, une distillerie n'a pas le droit de vendre ses bouteilles directement à un restaurant ou un bar. Elle doit d'abord envoyer ses produits dans un entrepôt de la SAQ, pour que les bouteilles soient ensuite revendues à la distillerie au plein prix, qui peut alors les livrer au restaurant. Cette bouteille voyage parfois des centaines de kilomètres; un détour logistique qui est non seulement absurde d'un point de vue environnemental mais également incohérent sur le plan économique.

 

Or, une solution simple et logique existe : autoriser la vente directe aux restaurants et bars, sans passer via le monopole d'État, comme c'est déjà le cas dans plusieurs autres provinces canadiennes. Les gains potentiels de cette proposition représentent 6,9 millions de dollars pour nos entreprises québécoises.

 

Une réforme complète des lois sur l'alcool au Québec

Une révision en profondeur s'impose pour établir des règles modernes, souples et cohérentes, à l'image de ce qui se fait déjà dans d'autres provinces canadiennes, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique. Le Québec ne peut pas rester à la traîne pendant que les autres juridictions adaptent leurs lois pour encourager la production locale, l'agrotourisme et l'exportation. Les gains potentiels seront attribuables à la portée de cette réforme, mais elle aurait le potentiel de changer radicalement le paysage de l'industrie.

 

À propos

L'Union québécoise des microdistilleries (UQMD) regroupe la grande majorité des distilleries du Québec avec plus de 50 membres. Sa mission est d'encourager le développement de l'industrie québécoise de la microdistillation, valoriser la fabrication et le commerce de produits distillés à la propriété, et assurer la promotion de ces spiritueux au Québec, au Canada et dans le monde.

 

SOURCE Union québécoise des microdistilleries (UQMD)

-/-/-/-/-/-

 

(R.I.) : communiqué que nous avons repris intégralement.