(LCP) Tout observateur neutre constate que depuis la reprise des travaux des commissions parlementaires, les listes des groupes invités aux consultations fondent comme neige au soleil.

 

Les intervenants aussitôt convoqués sont nombreux à se désister et à refuser de défendre leur mémoire devant les élus. Les dirigeants justifient leur absence en disant ne pas avoir eu suffisamment de temps pour se préparer à témoigner. Ils se plaignent après d'avoir été invités à la dernière minute.

 

Ensuite, signe que les leaders parlementaires ne parviennent pas à s'entendre, on voit le leader du gouvernement menacer de convoquer des consultations en procédant par l'inscription d'une motion au feuilleton de l'Assemblée nationale stipulant les dates, les temps de paroles et une liste de groupes de pression à inviter.

 

En fait, la chicane entre les leaders est telle qu'elle s'est déversée au Salon bleu hier après la période de questions en présence du président François Paradis. Pendant le débat, chacun a accusé l'autre de faire preuve de mauvaise foi.

 

Trop pressé

Selon l'opposition officielle, le gouvernement est trop pressé de faire adopter son menu législatif. « Je ne pourrai pas répondre aux demandes du gouvernement, satisfaire les membres de ce Parlement, travailler avec les oppositions, nous mettre à la disposition des groupes dans la société si, dès qu'un projet de loi est déposé, moins de 24 heures après, il faut avoir fourni nos listes et avoir complété la négociation. Ça ne peut pas fonctionner », proteste le leader de l'opposition officielle, Sébastien Proulx du Parti libéral, au milieu d'un long plaidoyer.

 

Étirer le temps

Pour le gouvernement, l'opposition veut ralentir le rythme. « On leur demande de nous envoyer les groupes, parce qu'on veut les convoquer. Mais ce qu'on semble percevoir, du côté du Parti libéral, c'est qu'on étire le temps pour ne pas qu'on puisse siéger pour ne pas qu'on puisse entendre les groupes, pour ne pas qu'on puisse entendre la population, pour ne pas qu'on puisse changer les lois du Québec puis les améliorer. Alors, on se retrouve dans une situation qui est un peu contradictoire », déplore le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.

 

Trop court

De son côté, l'homologue du Parti québécois, Martin Ouellet, a jugé bon d'être solidaire de son collègue de l'opposition officielle. La deuxième opposition voudrait réserver des plages horaires de 60 minutes pour les groupes au lieu de plages de 45 minutes. « Évidemment, je partage les prérogatives du leader de l'opposition officielle parce que, dans certains cas, on a fait partie des discussions et, dans d'autres cas, bien, on n'a pas fait partie des discussions et on s'est fait imposer, finalement, le choix du gouvernement pour aller dans certaines consultations », se plaint-il.

 

Essayons de bien travailler

Quant au leader de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, il renvoie ses collègues dos à dos. « Je fais un appel à la collaboration de la part de tout le monde. Au lieu de trouver qui a tort, essayons de bien travailler. Ça veut dire: de la part du gouvernement, donner un peu plus de temps et ça veut dire aussi, oui, du côté de l'opposition officielle peut-être chercher à faire fonctionner les négociations plutôt que trouver des manières de ne pas s'entendre. Parce que, nous, on ne fera pas longtemps les frais du manque de collaboration et d'atomes crochus entre l'opposition officielle et le gouvernement », s'est-il impatienté.

 

Réflexion à venir

Enfin, après avoir patiemment écouté toutes les doléances, le président, François Paradis, a préféré ne pas trancher. C'est avant tout aux partis à s'entendre. « Je vous convoquerai bientôt pour qu'on puisse aussi faire en sorte de réfléchir à la bonne marche de nos travaux, ce sujet précis pouvant être aussi ajouté à l'ordre du jour et aux discussions. Je pense que des choses ont été dites dans la voie des réflexions, une rencontre à venir sur ce dossier-là pour faire en sorte que les travaux fonctionnent mieux et pour nous, parlementaires, et pour ceux et celles qui souhaitent aussi participer à des débats qui sont fructueux », a-t-il conclu.

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