(LCP) Marguerite Blais, ministre des Aînés et des Proches aidants, s’ouvre sur les difficultés qu’elle rencontre depuis son retour en politique. Elle répond aux doléances des porte-parole de l’opposition.

 

« J'ai découvert une personne qui s'appelle le premier ministre du Québec, qui a dit : Oui, on va en faire une politique des proches aidants. Oui, on va rendre les milieux de vie des aînés plus attrayants. Oui, on va faire de la gériatrie sociale. Oui, on va faire des maisons de répit. Je suis sortie de ma retraite pour ça. Puis, on a commencé à le faire. Puis j'ai dit : Moi, là, avant de vraiment construire les maisons des aînés, il faut que je comprenne davantage les CHSLD. Ce n'est pas en faisant une visite ou deux visites dans un CHSLD qu'on sait comment ça fonctionne.

 

[…] On parle de la COVID-19. Oui, ça a atteint les personnes âgées. Oui, il y a le personnel qui est rentré de vacances, qui était asymptomatique. Oui, il a manqué d'équipement. Oui, on avait coupé pour 44 millions $ en santé publique. Ça veut dire qu'on a coupé des cliniciens en prévention et contrôle des infections. Oui, il y a des endroits où tu as quatre personnes âgées pour une chambre avec une petite toilette. Oui, il y a des toilettes où on ne peut pas rentrer avec un fauteuil roulant. Oui, au CHSLD de Sainte-Dorothée, il y a un rideau qui sépare des lits. Comment voulez-vous que les gens ne se transmettent pas le virus? Oui, ma collègue a raison : on ne peut pas reconstruire des CHSLD du jour au lendemain, mais on va en faire, des CHSLD, on n'a pas le choix.

 

Oui, on va faire des maisons des aînés. Pourquoi? Parce que ça va être plus humain; parce qu'on va s'occuper des personnes vivant avec des troubles neurocognitifs majeurs. On va les construire où on va tenir compte, justement, de la pandémie de la COVID-19, pour qu'il y ait de la ventilation, de la climatisation; pour qu'il y ait une cuisine plus grande pour le personnel; pour qu'il y ait des lavabos. Le personnel s'infecte encore dans les cuisines, puis on est dans la deuxième vague. C'est ça, la réalité.

 

La réalité, c'est qu'on vit avec des années de décisions. Oui, je prends ma part de responsabilité, puis je l'ai dit, à Enquête, j'ai pris toute la responsabilité. Ils ont peut-être passé un bout, mais j'ai dit que j'ai pris toute la responsabilité et je le redis aujourd'hui, je prends l'entièreté de la responsabilité. Je suis revenue en politique pour changer les choses, ce n'est pas vrai que je vais me cacher derrière un paravent. Je ne suis pas faite comme ça, je vais la prendre, je les prends, mes responsabilités.

 

Ça a été difficile, on apprenait au fur et à mesure. Là, aujourd'hui, on a du matériel. Là, aujourd'hui, on a formé des champions en prévention et contrôle des infections. Là, on a un gestionnaire par CHSLD. Quand je suis arrivée au Conseil des ministres puis que j'ai dit au premier ministre : Les préposés ne sont pas assez payés pour la lourdeur de la tâche, aujourd'hui, ce sont des personnes extrêmement vulnérables qui vivent en CHSLD, bien, le premier ministre a dit : on va augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires. On va attendre avec les conventions au mois de mars. Bien, la COVID est arrivée avant. Mais le premier ministre a dit : on va en former 10 000, préposés. Tout le monde riait.

 

Les gens disaient : bien, ils vont former 10 000 préposés... Bien, hein? On en a formé 7 100 puis on est en train d'en former 3 000 autres, préposés. On ne peut pas former des infirmières de la même façon qu'on forme des préposés, ça prend trois ans. Mais là on a mis un gestionnaire par établissement. Comment voulez-vous... s'il n'y a pas de gestionnaire par établissement? Les CIS et les CIUSSS, c'est tellement gros. C'est difficile de pouvoir contrôler localement ce qui se passe. C'est pour ça que ça prend un gestionnaire sur place pour contrôler ce qui se passe.

 

Donc, on a une meilleure pratique actuellement pour nos CHSLD. On veut aussi que le personnel arrête de se mobiliser. Ce n'est pas d'hier, ça, que le personnel, il se promène. C'était comme ça dans les CSSS. C'était comme ça dans les CISSS et les CIUSSS. Ça fait partie de leur entente collective. Ça a pris un décret ministériel pour dire : vous allez arrêter de vous promener.

 

Ça se peut qu'il y ait des bris parce qu'il manque d'infirmières. S'il y a des bris, il faut que ça soit documenté. Il faut que ça soit connu. Il faut qu'on ait un registre, nous autres. Il faut que le ministre de la Santé et des Services sociaux ait un registre. Il y a un bris, pourquoi il y a un bris? La même chose pour les proches aidants. Parce que, des fois, les consignes ou les directives sont interprétées différemment par les établissements. Là, maintenant, on a renversé le fardeau de la preuve. Vous ne voulez pas que les proches aidants entrent, vous devez faire la demande au ministère de la Santé et des Services sociaux.

 

On va vous donner la permission ou non, parce que les proches aidants, là, on ne veut plus jamais, jamais, jamais que ça arrive que les proches aidants soient interdits, ne puissent pas aller là. Oui, quand on fait des erreurs, il faut être transparent, il faut le dire. On pensait bien faire, mais ça n'a pas été une bonne idée. […] On pensait que c'était pour être temporaire, ça a perduré dans le temps. À un moment donné, dans la balance, le Dr Horacio Arruda a dit : écoutez, on ne peut pas mesurer l'angoisse, la détresse, les problèmes de santé mentale, mais effectivement ça a affecté les gens.

 

Puis tout à l'heure, le collègue de Jean-Lesage, il parlait des milieux privés, des milieux publics, privés conventionnés. Qui plus est, on a un projet de loi qu'on étudie actuellement, le projet de loi n° 52. Pourquoi? Pour faire basculer les commissaires aux plaintes du privé au public. Écoutez, j'ai appris qu'il y avait des commissaires aux plaintes qui étaient embauchés par les propriétaires.

 

Donc, comment tu veux, à un moment donné, te plaindre, apporter des plaintes quand tu es embauché par le propriétaire? On a un système où on peut déposer les plaintes, mais il y avait les CHSLD privés où il y avait zéro plainte. Bien, ça ne se peut pas, ça ne se peut pas qu'il y ait zéro plainte. Alors, on a un projet de loi, on essaie de changer les choses tranquillement, parce que... Pas tranquillement, vite.

 

Je suis pressée, je suis la plus vieille ici à l'Assemblée nationale. C'est vrai que je pourrais retourner chez nous, à 70 ans, puis cultiver mes patates puis mes tomates. Mais j'ai décidé de me battre. Puis je pense qu'on peut bien se battre ensemble, le député de Rimouski puis le député des Îles-de-la-Madeleine ensemble, parce que le député de Rimouski, il a les mêmes valeurs. »

( Extrait du Journal des débats du vendredi 2 octobre 2020 )

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