(LCP) Le ministre des Finances, Eric Girard, souhaite trouver « des solutions concrètes » afin d’aider les retraités de Groupe Capitale Médias. Mais il s’agit d’un régime de retraite d’une compagnie privée, a-t-il rappelé.

 

« On est dans un régime à prestations déterminées d'une entreprise privée avec des cotisations d'employés et d'employeur », a expliqué M. Girard.

 

« Power Corp. ne garantissait pas le régime de retraite de cette compagnie. C'est la même compagnie qui a été transférée dans la vente au nouvel acquéreur, et là c'est cette compagnie-là qui fait défaut. Et la situation est tragique, je le reconnais, les régimes sont sous-capitalisés, mais on ne peut pas blâmer Power Corp. pour cette situation. »

 

Avec Retraite Québec, « on essaie d'aider les retraités pour mutualiser les risques, augmenter la prise de risque » et restreindre la perte des retraités, « de l'ordre de moins 25 % », selon les chiffres les plus récents, a indiqué le ministre Girard.

 

« Est-ce que le gouvernement ne trouve pas, justement, que Power Corp., de la façon dont ils se sont comportés, s'en sortent pas mal trop facilement? » a demandé Vincent Marissal de Québec solidaire. « Est-ce qu'on va au moins se lever ici, puis dire qu'on va étudier les solutions qui existent, puis arrêter de flatter Power Corp. dans le sens du poil, qui ont abandonné ces travailleurs? »

 

Motion battue

Mercredi, le gouvernement a rejeté une motion conjointe des trois partis d’opposition concernant les retraités du Groupe Capitales Médias. Sylvain Roy du Parti québécois a présenté cette motion appelant l’Assemblée nationale à demander à Power Corporation du Canada, ancien propriétaire des journaux du GCM, « de prendre la responsabilité du déficit de solvabilité des régimes de retraite de Groupe Capitales Médias, qui était connu, au moment de la transaction avec M. Martin Cauchon ».

 

Le texte demandait aussi au Vérificateur général de « faire enquête sur la décision de Retraite Québec de ne pas exiger le plein paiement du déficit de solvabilité des régimes de retraite de Groupe Capitales Médias au moment de la transaction ».

 

« Ce qui est demandé à la famille Desmarais, qui détient le contrôle de Power Corporation du Canada, c'est de conserver la responsabilité des régimes de retraite du Groupe Capitales Médias pour le passé, comme elle le fait pour La Presse », a expliqué Pierre Pelchat, porte-parole de l’Association des retraités syndiqués du journal Le Soleil, en conférence de presse à l'Assemblée nationale, entouré des députés de l'opposition.

 

Ce n’est pas « la mer à boire », dit-il, considérant que la compagnie « a dégagé un profit net ajusté de 1,4 milliard de dollars », alors que « la moyenne des rentes non indexées des retraités du Groupe Capitales Médias est de 17 000 $ par année ».

 

Revoir le « stratagème »

Pierre Pelchat estime qu’il est « peut-être le temps de revoir ça pour éviter justement d'autres drames dans les prochaines années ». Isabelle Melançon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de culture et de communications, est du même avis : « il ne faut plus que ça arrive, et, pour ce faire, on peut faire les vérifications avec la Vérificatrice générale, qu'on puisse se pencher, et, s'il y a des changements à effectuer, bien, qu'on les effectue, on est là pour ça ».

 

« Ce n'est pas de l'argent fictif, ce n'est pas de l'argent Monopoly, ce n'est pas l'argent de Power ou l'argent que Cauchon n'avait pas. C'est l'argent des travailleurs qui ont cotisé toutes leurs vies, ça leur appartient en propre », a ajouté le député solidaire Vincent Marissal, lui-même ancien journaliste au Soleil et à La Presse.

 

Il considère que les entreprises ont une responsabilité sociale. « Il n’y a pas juste le cash puis le fric dans la vie. Il y a eu un stratagème, là, de vente juste assez longtemps à M. Cauchon qui a permis de créer un sas de décompression duquel s'est extirpé Power Corp. pour après ça, se dégager de ses responsabilités », a plaidé l’élu de Rosement.

 

Pour Sylvain Roy du PQ, il y a là un précédent « extrêmement dangereux » pour les retraités. « Donc, c'est extrêmement inquiétant et ça nous ramène à un enjeu fondamental, c'est celui d'une assurance fonds de pension au Québec, comme le modèle de l'Ontario, sur lequel nous devrons réfléchir et faire pression sur le gouvernement pour y avoir accès. »

 

Nouvelle évaluation de Desjardins

Par ailleurs, dans un communiqué diffusé mercredi, Desjardins a indiqué procéder à une réévaluation de la relance du GCM. « Étant donné que le plan d'affaires présenté aurait été récemment bonifié » et après avoir constaté « que le gouvernement était ouvert à bonifier sa participation pour atténuer les risques », Desjardins évaluera le nouveau dossier « avec rigueur et ouverture ».

 

« Là, il y a là, là, quelque chose, un fondement qui est important, et pour la démocratie, parce que l'information, c'est ce que ça donne, hein, c'est le savoir, c'est la démocratie. Partout, six régions, six journaux, 350 employés, des familles, un droit à l'information, c'est de ça dont on parle actuellement. Et il faut absolument que le plan de sauvetage puisse fonctionner », a commenté Isabelle Melançon.

 

« Tant mieux, on les invite à le faire et j'invite aussi le ministre Fitzgibbon, qui dit à tout le monde qu'il a un gros, gros, gros chéquier, là, puis qu'il a quasiment, là, un fonds illimité pour aider des entreprises, bien voici une belle occasion de mettre les paroles aux actes et de sauver les six quotidiens, ça va de soi, et son ministre des Finances, je le redis, doit intervenir pour sauver les retraites », a réagi Vincent Marissal.

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