(R.I.) Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, explique son projet de loi sur les maternelles 4 ans, au moment de son adoption : « En faisant ça, en adoptant ce projet de loi là (projet de loi 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans) on ne joue pas aux cobayes avec nos enfants, on implante ici une recette qui a été éprouvée à plusieurs endroits, qui est validée par les recherches internationales.

 

Et, fait important, on ne s'attaque d'aucune façon au réseau des services de garde éducatifs à l'enfance. C'est important de le mentionner. J'ai dit tout à l'heure qu'on travaillait en équipe : Santé, Famille, Éducation, mon collègue de la Santé travaille très, très fort pour un programme, Agir tôt, ça s'appelle Agir tôt, et, de manière concertée donc, faire du repérage, du dépistage, des fois du diagnostic, mais simplement repérer, dépister pour aider les enfants là où ils se trouvent, souvent à la maison ou en service de garde éducatif à l'enfance.

 

Mon collègue dans le réseau de la Famille travaille pour améliorer les programmes éducatifs dans nos garderies, s'assurer qu'il y ait un suivi, s'assurer qu'il y ait un dossier de l'enfant et une bonne collaboration avec l'Éducation. Et nous, bien, on offre ce choix aux parents. Quand ils ont un enfant qui arrive à l'âge de quatre ans, est-ce qu'ils gardent leur enfant encore à la maison? Est-ce que c'est la meilleure chose pour eux? Dans certains cas, ils vont dire : Oui, je le garde chez moi. Est-ce que je l'envoie en service de garde en milieu familial, en CPE, en garderie privée subventionnée, non subventionnée? On veut leur offrir ce choix-là.

 

En ce moment, le choix n'existe pas vraiment, il y a beaucoup plus d'enfants qu'il y a de places dans le réseau, beaucoup plus d'enfants qu'il y a de places, il y a plus de 150 000 enfants en ce moment dans nos 0-4 ans qui ne sont nulle part dans le réseau, et, chez les quatre ans, un enfant sur quatre seulement est en CPE.

 

C'est important de le mentionner, un enfant sur quatre seulement est en CPE pour nos petits de quatre ans. Donc, il y en a trois sur quatre qui ne sont pas forcément malheureux, mais ils sont à l'extérieur des CPE. Donc, c'est un rappel qu'il faut avoir en tête pour éviter les raccourcis puis penser qu'on développe les maternelles quatre ans contre les CPE. Il faut mettre en garde les gens contre les raccourcis.

 

Donc, ce service de qualité offert, qui va permettre d'avoir enfin un choix aux parents, eh bien, pour le développer, pour le déployer, il faut absolument adopter ce projet de loi là, parce qu'en ce moment la loi qui nous régit ne nous permet de déployer le service qu'en milieu défavorisé. Ce n'est pas une mauvaise chose d'offrir des services en milieu défavorisé, c'est une mauvaise chose de l'interdire à l'extérieur des milieux défavorisés, par exemple. Il est là, le problème. Donc, le projet de loi vient lever cet obstacle législatif qui nous empêche d'offrir le libre choix aux parents, d'offrir l'accès universel.

 

Et c'est important parce que tous les parents peuvent choisir cette option, la maternelle quatre ans, parce que les enfants peuvent tous bénéficier de la maternelle quatre ans et parce que des enfants qui sont vulnérables, qui ont un trouble du spectre de l'autisme, une dysphasie, une dyspraxie, on en retrouve dans tous les milieux socioéconomiques, pas seulement en milieu défavorisé, hein?

 

Que l'on soit sur l'aide sociale, qu'on travaille au salaire minimum ou qu'on fasse 100 000 $ par année, ça n'a pas d'impact sur le fait qu'un jeune a un trouble du spectre de l'autisme ou un retard neurologique. Alors, pourquoi on déploierait un service de qualité, avec tous les professionnels qui sont prêts à répondre aux besoins de ces enfants-là, seulement en milieu défavorisé? C'est une fausse bonne idée.

 

Les précédents gouvernements ont ouvert au compte-gouttes, en cinq ans, quelques centaines de classes. Tant mieux pour les enfants qui sont passés par là. Nous, dès cette année, on en a ouvert plus de 250. On a augmenté le nombre d'enfants qui profitent de ce programme-là de plus de 60 % en une seule année et on espère, dès l'an prochain, en ouvrir encore des centaines et des centaines, et dans les années à venir, pour que, d'ici cinq ans, bien, on ait enfin cet accès universel pour que les parents qui veulent envoyer leurs enfants de quatre ans en maternelle quatre ans puissent le faire, sachant que ce n'est pas tout le monde qui va faire ce choix-là, que c'est correct.

 

Mais on veut leur offrir ce choix-là, peu importe qu'ils habitent en ville, en campagne, à Montréal, en région, en milieu favorisé, en milieu défavorisé. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Ça va permettre aux enfants de développer leur plein potentiel et ça va actualiser cette volonté qu'on a, au gouvernement, de faire de l'éducation une priorité et d'agir tôt pour investir là où ça compte le plus.

 

Il y a un grand chercheur en éducation, québécois, qui dit qu'on est bien mieux de faire des enfants forts que d'essayer de réparer des adultes brisés. Et, en adoptant ce projet de loi là, eh bien, on fait un pas dans cette direction. Merci. (Extrait du Journal des débats du 29 octobre, débat sur l’adoption finale)

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